- abraser
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• déb. XXe; méd. 1864; « démolir » 1364; reformé d'apr. abrasif, abrasion♦ Techn. User (une matière, un objet) par abrasion, par frottement. — Pronom. Pièce qui s'abrase.⇒ABRASER, verbe trans.A.— MÉD. Enlever en raclant de petits fragments superficiels de la muqueuse. Emploi pronom. Disparaître par altération des tissus (ex. 2) :• 1. ... on abrase préalablement au rasoir la couche cornée.JOYEUX ds (F. Widal, P.-J. Teissier, G.-H. Roger, Nouveau traité de médecine, 1920-24, fasc. 5, p. 74).• 2. Cette mortification débute à la région la plus superficielle de la muqueuse qui finit par s'effriter et s'abraser.DOPTER ds (F. Widal, P.-J. Teissier, G.-H. Roger, Nouveau traité de médecine, fasc. 3, 1920-24, p. 287).• 3. ... la partie superficielle de la muqueuse est abrasée ...SACQUÉPÉE ds (F. Widal, P.-J. Teissier, G.-H. Roger, Nouveau traité de médecine, fasc. 3, 1920-24, p. 461).B.— TECHNOL. [En parlant des dents supérieures et inférieures] User ou polir une surface par frottement.C.— Fr. région. Écraser, abîmer, casser (cf. hist.).Rem. Abraser, en pénétrant dans la lang. litt., perd son caractère techn. pour devenir un synon. expr. de raser (avec allus. possible aux emplois spéc. A et B) :• 4. Et ce ne sera pas leurs faces abraséesQui viendront nous donner notre baiser de paix.Ch. PÉGUY, Ève, 1913, p. 916.• 5. ... tout le blé fauché s'écroulant à ma gauche; et j'en avais pour huit jours à raser un immense rectangle de je ne sais combien de centaines d'hectares, les poupées propulsées pirouettant, tombant sur le flanc, 10 000 gerbes, 100 000 gerbes, 1 000 000 de gerbes gisantes; et l'on avance au pas, abrasant un côté du rectangle, puis l'autre, puis le troisième, puis le quatrième, tout le long du jour ...B. CENDRARS, Bourlinguer, 1948, p. 164.Prononc. ET ORTH. — 1. Forme phon. :[
]. 2. Dér. et composés : cf. braser. 3. Hist. — Au XVIe s., on rencontre les formes abbraser, avec redoublement de b, et abbrazer où z est une graph. pour s.
Étymol. — Formé sur le rad. de abrasion [m. fr. abraser 1364 « démolir » (Arch. nat., JJ 96, pièce 952 ds GDF. : desquieux molins, il y en a partie descheux, et y en a deux tout entièrement abrasez et abattus), formé sur le part. passé de(« enlever en rasant », voir abrasion); emploi fig. « supprimer, détruire » fréq. en lat. chrét. (Blaise)].
HIST. — L'anc. lang. connaît 2 verbes abraser d'orig. et de sens différents : l'un dér. de braise et signifiant « embraser, enflammer », l'autre, qui survit en fr. mod., issu du lat. abradere « raser » et signifiant « démolir ». — Abraser « démolir » est à peine vivant en m. fr. et semble ne pas survivre apr. le XIVe s. (cf. étymol.). — Rem. La signif. première du verbe subsiste dans certains parlers provinciaux (recensés par l'IGLF techn.) : « écraser » (1943, J. M. ROUGÉ, Folklore de la Touraine); « abîmer, casser » (1919, L. VINCENT, G. Sand et le Berry, p. 352); « écraser, détruire » (1935, Cl. ROULEAU, Essai de folklore de la Sologne bourbonnaise, p. 39). — Au XXe s. on note une résurgence du verbe (cf. étymol.), par formation néol. sur abrasion (cf. ce mot, hist.) dans 2 emplois (méd. et technol. cf. sém. A et B).STAT. — Fréq. abs. litt. :2.abraser [abʀɑze] v. tr.ÉTYM. 1364, « démolir »; repris XXe (déjà en méd. au XIXe, 1864), d'après abrasion; du lat. abrasus, p. p. de abradere « enlever en grattant ».❖♦ Techn. User (une matière, un objet) par abrasion, par frottement. — Littéraire :0 Puis l'on monte à Burgdorf et à Grenzach, où tout est également nivelé, abrasé, réduit en cendres (…)B. Cendrars, l'Or, 57, p. 230.♦ Pron. || Pièce qui s'abrase, qui s'use par frottement.❖DÉR. Abrasement.
Encyclopédie Universelle. 2012.